Bombardier-Crespin : quand la classe ouvrière dit Non !
Décidément, le « Président des Riches » ne peut s’adresser aux Français sans que ressorte inexorablement le décalage flagrant entre son discours et la réalité vécue par les couches populaires et le monde ouvrier. Dans son allocution du 14 juin 2020, aux forts accents d’autosatisfaction et d’optimisme béat, E. Macron a pu affirmer « Nous allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail mais aussi de nous divertir, de nous cultiver. », sans évoquer à aucun moment les millions de chômeurs, précaires, sans-papiers, travailleurs malades ou vivant sous le seuil de pauvreté, qui ne peuvent évidemment pas se reconnaître dans ce « nous » pensé par Macron.
Or le « monde d’après » a d’ores et déjà commencé, depuis la levée du confinement le 11 mai dernier ; il ne produit rien d’autre que la poursuite, en les aggravant, des effets du capitalisme en crise : d’une part hausse inédite du chômage, avec un vaste programme de fermeture de sites industriels, comme à Renault, où les travailleurs se battent, bien décidés à défendre leurs emplois et leur outil de production ; et d’autre part attaques contre les conquêtes sociales et démocratiques, visant à l’allongement du temps de travail et à la privation des moyens de lutte comme l’interdiction du droit de manifester (que le gouvernement maintient, avec son « état d’urgence sanitaire » prolongé jusqu’au 10 juillet, malgré l’avis négatif du Conseil d’État).
Faire travailler plus, pour mieux supprimer des emplois : l’exemple du monopole Bombardier
L’exemple récent du groupe canadien Bombardier, monopole de construction de matériel de transports, est significatif de cette situation : Sur son site de Crespin (Nord), la direction a proposé aux salariés de travailler une semaine de plus, fin juillet, pour « rattraper » la fermeture pendant la période de confinement. Proposition inacceptable, d’abord parce que les salariés travailleraient sur leurs RTT et perdraient donc en réalité deux semaines de repos ; ensuite parce que pendant le confinement, la direction n’a pas compensé les 16 % de salaire perdus pour les ouvriers mis au chômage partiel, alors que l’usine de Crespin a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 813 millions d’euros, et que ses carnets de commandes sont pleins.
Face à la perte de profits, générée par la crise sanitaire, la solution choisie par ce monopole, comme par bien d’autres, c’est, selon les termes de son porte-parole « d’ajuster à la taille du marché pour être compétitif » ; il faut comprendre, derrière cet « ajustement » (vente de la branche ferroviaire et de l’aviation commerciale pour se concentrer exclusivement sur les jets d’affaires...), restructuration et suppressions massives d’emplois. Ce qui fait dire au délégué Sud de l’usine : « On nous demande des efforts pour sauver les comptes d’un futur ex-employeur. »
Victoire d’une lutte ouvrière !
Mais les 250 travailleurs de Bombardier-Crespin ne se sont pas laissé faire, et organisés derrière l’intersyndicale (CGT-SUD-CFDT), ils ont tenu bon pendant une semaine de grève et de blocage du site, à l’issue de laquelle, ce lundi 15 juin, la direction annonce qu’elle recule !
Preuve si besoin était que la lutte intransigeante et directe contre le patronat est autrement plus efficace que les incantations présidentielles ou les illusions du « dialogue social » !
Non, l’addition de la crise n’a pas a être payée par les travailleurs mais par les monopoles capitalistes !
L’épidémie de Covid-19 a accéléré les effets dévastateurs de la crise générale du capitalisme : les contradictions de ce mode de production s’intensifient, et le niveau des profits s’en trouve menacé. Pour limiter cette tendance, le grand capital casse les salaires et les conditions de travail et de vie, aggravant la crise sociale d’aujourd’hui, la concurrence entre les monopoles et les impérialismes, avec le risque de guerre accru résultant de cette compétition effrénée.
Le capitalisme est un système obsolète, destructeur, qui empêche la mise en place de toute alternative politique crédible pour la prise en compte des problématiques économiques, sociales, environnementales et démocratiques.
Face au capitalisme, le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) revendique le socialisme-communisme : une société dans laquelle le peuple travailleur aura par ses luttes renversé révolutionnairement le capitalisme et construit sa propre dictature de classe sur les exploiteurs, aura socialisé les moyens de production et d’échange afin de les élever au rang de propriété collective de toute la société et aura mis en place une planification centralisée et démocratique pour répondre aux besoins des populations et des territoires.
Pour dire « Non » à la casse des conquêtes sociales et démocratiques,
« Non » au chantage à l’emploi,
« Non » à la casse du tissu industriel
et un très large et catégorique « Non » au « monde d’après » tant vanté par Macron et le gouvernement bourgeois,
... les travailleurs doivent construire une solide convergence de classe aux côtés de tous ceux qui luttent, comme les ouvriers de Bombardier-Crespin, et comme le 16 juin les travailleurs de la santé pour la défense de leurs revendications et de l’hôpital public !