Non à la fermeture de Michelin !
Le 10 octobre 2019, les 619 salariés de l’usine Michelin de la Roche-sur-Yon, produisant des pneus poids lourds, ont appris sa fermeture prochaine.
Cette annonce a suscité une colère d’autant plus légitime chez ces travailleurs que l’entreprise ne connaît aucun déclin (1,6 milliard de résultat net depuis 2018, soit + 0,3 % en un an...), et qu’ils ont consenti à des sacrifices importants depuis plusieurs années pour sauvegarder leurs emplois, avec des « accords de compétitivité » (le dernier, en 2016, appelé « Pacte d’avenir » et signé par les deux organisations majoritaires, CGC et SUD).
D’où leur sentiment d’avoir été trompés, trahis. « Mon premier enfant va naître au mois de février, j’ai démarré le prêt de ma maison il y a quelques mois », déclare Jérémy, un salarié de 31 ans, « il y a deux ans, j’étais content, je me disais ‘c’est bon, je vais pouvoir faire ma carrière ici’ » dit-il encore. « On nous a toujours dit qu’il fallait y croire, on nous a menti », dit un autre salarié de l’usine.
Sentiment d’écœurement auquel s’est ajouté celui de l’humiliation, la direction ayant préféré donner ses premières explications aux médias plutôt qu’aux représentants des personnels.
La CGT a rappelé le scandale qui sous-tend une telle décision, en dénonçant une « stratégie aveugle d’augmentation des marges et une logique de délocalisation ». En effet, après avoir ouvert une usine en Inde en 2013, Michelin multiplie les annonces de fermeture en Europe, comme dernièrement celle de son site de Bamberg en Allemagne, qui doit laisser sur le carreau 858 salariés. En Vendée, si l’on ajoute les effets de cette fermeture sur les autres sites et sous-traitants de la région, ce sont au minimum 700 emplois qui vont disparaître.
La direction tente d’éteindre l’incendie de la lutte engagée, en proposant des « négociations » pour obliger les travailleurs licenciés à déménager sur d’autres sites ou à prendre un autre emploi dont les conditions seront inévitablement dégradées. Rappelons que le « beau plan social » mis en place chez les « Conti », après des mois de lutte contre la fermeture, s’est soldé par 300 divorces et 14 suicides...
Après une première journée de grève nationale le 17 octobre, et une consultation des travailleurs pour l’entrée ou non dans ces négociations, la CGT appelle à une grève sur tous les sites de France le 24 octobre, afin de s’opposer fermement à cette destruction d’un site industriel totalement viable, si les marges sont légèrement réduites et si le site est adapté aux nouveaux besoins du marché international du pneu.
Mais le régime capitaliste étant ce qu’il est, il ne peut être question pour ses dirigeants de répondre aux besoins du commerce, encore moins à ceux de la population, le seul objectif étant de satisfaire à court terme la soif de profits de l’oligarchie financière.
Il s’agit d’une réalité structurelle du capitalisme parvenu à l’étape de l’impérialisme : Pour contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit, il faut toujours plus précariser les travailleurs, casser les conditions de travail et de vie, et si nécessaire désindustrialiser des régions entières en délocalisant vers les pays dans lesquels les travailleurs connaissent des conditions d’exploitation plus intenses (salaires plus faibles, normes de sécurité pas appliquées ou inexistantes…).
Cette réalité se confirme à chaque nouvelle catastrophe sociale annoncée et produite : Le capitalisme, avec la bourgeoisie et son appareil d’État, voilà l’ennemi de tous les travailleurs, de la jeunesse et des retraités !
Le capitalisme dans sa phase impérialiste ne permet plus la moindre once de progrès quelle qu’en soit sa nature (économique, social, écologique, politique…) ; pire encore, il détruit toutes les grandes conquêtes sociales et démocratiques arrachées par le peuple travailleur à la bourgeoisie lors du siècle précédent, il détruit l’environnement et les écosystèmes, et apporte la guerre.
Il est aujourd’hui nécessaire de mettre en place une vraie politique industrielle démocratiquement décidée par le peuple travailleur en fonction des besoins des populations et des territoires, et répondant aux enjeux de préservation des écosystèmes et de l’environnement. Mais une telle politique industrielle n’est possible que sous le socialisme-communisme, une société dans laquelle le peuple travailleur, ayant révolutionnairement renversé le capitalisme et jeté à bas le pouvoir de la bourgeoisie et son appareil d’État, se sera organisé en classe dominante de la société, aura socialisé les moyens de production et d’échange et planifiera démocratiquement la production en fonction des besoins.
Le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) exprime son total soutien à la lutte des salariés de l’usine Michelin de la Roche-sur-Yon, et appelle le peuple travailleur ainsi que ses organisations (syndicats, association de défense des chômeurs et précaires…) à développer leur solidarité de classe à travers diverses formes de lutte menées avec la population pour la défense des emplois et de ce site de production.