Rentrée scolaire : Macron à la manœuvre idéologique et économique…
J-M. Blanquer, Pap Ndiaye, Gabriel Attal… : les ministres de l’Éducation se suivent, mais celui qui tient le gouvernail, de façon pleinement et très autocratiquement assumée, c’est le président Macron, l’homme des monopoles, qui déclare que l’école est son « domaine réservé », au même titre, donc, que celui de la direction des Armées… À ce titre, E. Macron répand dans les médias ses « bonnes idées » et sa vision de l’école, que doivent assidument relayer ses ministres ; une vision dont l’enjeu de classe, de nature économique et idéologique, s’éclaire à chacune de ses apparitions.
Cette rentrée est la 7ème sous sa Présidence, et le tableau, déjà très dégradé depuis les années 90, s’est encore assombri sous l’effet des milliers de suppressions de postes (en 6 ans, ce sont 9322 emplois qui ont été supprimés dans le second degré !), des classes surchargées, et des réformes massivement rejetées par les enseignants.
Comme dans presque toutes les sphères de notre société, la crise frappe durablement le système éducatif, avec des symptômes non dissimulables : celui d’une jeunesse populaire, en grande partie collégienne et lycéenne, explosant de colère dans les émeutes de juillet 2023 ; ou celui du manque d’attractivité croissant du métier de professeur (à nouveau, cette année, plus de 1800 postes non pourvus aux concours de recrutement des enseignants !).
Pour tenter de faire oublier ce sombre tableau, la méthode Macron est désormais bien huilée, à travers une communication qui accumule les affirmations mensongères (par exemple la prétendue revalorisation « historique » des profs, alors qu’en moyenne, les hausses de primes – et non pas des salaires ! – ont abouti à 5,5% d’augmentation, donc sous le niveau de l’inflation), les propos de méthode Coué (« Il y aura un professeur devant chaque élève ! »), les sujets « écrans de fumée » qui réduisent les difficultés de l’école à des questions vestimentaires (abaya, uniforme) ou comportementales (le harcèlement), et les annonces relevant de la démagogie la plus réactionnaire (discours martial sur l’ordre et l’autorité, glorification du SNU comme réponse aux émeutes, pour mieux mettre au pas la jeunesse…).
Dès le mois de juin, le PCRF avait dénoncé dans Intervention communiste les multiples arnaques lancées par Macron :
Celle du « Pacte », appliquant le sarkozyste « travailler plus pour gagner plus », proposant aux enseignants de réaliser des remplacements au pied levé, en plus de leur temps de service hebdomadaire, avec un contrat signé auprès des chefs d’établissement, alourdissant encore une charge de travail déjà difficilement supportable ; et ajoutant la quasi interdiction de se former sur le temps de travail.
Celle de la « gratification » des stages accomplis en entreprises par les élèves des lycées professionnels, variant entre 1,4 euro et 2,8 euros de l’heure ; une gratification qui ne sera pas financée par les entreprises mais par de l’argent public ; avec une réduction du temps d’enseignement, préjudiciable au niveau de formation dévolue à ces jeunes, tandis que les dispositifs de partenariat avec les entreprises et France Travail (Pôle Emploi) seront multipliés, plaçant davantage le lycée professionnel au service du patronat, en finançant avec l’argent public la formation de futurs travailleurs dociles et malléables aux besoins des monopoles.
En cette rentrée 2023, sous l’égide du tandem Macron-Attal, les diverses annonces confirment la politique d’austérité budgétaire infligée à l’école publique et la stratégie idéologique et électoraliste utilisée par l’exécutif pour que l’éducation conserve le rôle assigné par la classe dominante, en régime capitaliste : assurer la pérennité des rapports sociaux d’exploitation, et garder la main sur les consciences des futurs travailleurs.
Alors que le ministre Attal osait affirmer que la rentrée s’est globalement déroulée "dans de meilleures conditions que l’année passée", des établissements en lutte, certains ayant déjà voté la grève, à Nantes, Montreuil, Pierrefitte ou Stains, lui ont rappelé leurs nombreux postes non pourvus et leurs classes surchargées (maternelles à 27 ou 28 enfants et des classes de 6ème à 31 ou 32 élèves, par exemple…).
Le PCRF exprime son total soutien à ces personnels et familles en lutte pour de meilleures conditions d’études, et rappelle son axe de lutte premier, pour l’éducation :
De la maternelle au Supérieur, l’éducation doit être une priorité nationale, se traduisant par un plan national de développement répondant aux besoins sociaux dans ce domaine. Le budget national doit consacrer au moins 10% du PIB à l’éducation (actuellement, en France seulement 6,8%, en baisse continue depuis 1995).
Au-delà, seule une société dont la vocation première est de répondre aux besoins de sa jeunesse et de sa population, grâce à la propriété sociale des moyens de production et des richesses produites, pourra durablement financer et organiser une école publique de qualité. Cette société ne relève pas de l’utopie, mais de la volonté révolutionnaire de masses en mouvement, organisées avec l’aide de leur parti, celui que souhaite construire le Parti Communiste Révolutionnaire de France.