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Mort de Gorbatchev : un sombre héritage... - Parti Communiste Révolutionnaire de France

Mort de Gorbatchev : un sombre héritage...

L’actualité, caractérisée par les aggravations multiples concernant l’inflation, la précarité, la crise énergétique et climatique, ainsi que par l’aiguisement des tensions inter-impérialistes, a été également marquée par la nouvelle du décès de Mikhail Sergueïevitch Gorbatchev, dernier dirigeant et fossoyeur de l’Union soviétique et de son régime socialiste-communiste, mort le 30 août dernier à l’âge de 91 ans.

Alors qu’il a été le dernier artisan de la restauration du capitalisme dans son pays et de la capitulation du monde socialiste face au monde capitaliste-impérialiste, dit le « monde libre », sa disparition a suscité des réactions élogieuses attendues de la part de dirigeants du monde entier.
Ainsi Emmanuel Macron a-t-il rendu hommage à un « homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes  », et dont « son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune. » Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, a salué « un dirigeant digne de confiance et respecté » qui « a joué un rôle crucial pour mettre fin à la guerre froide et faire tomber le rideau de fer  », et qui «  a ouvert la voie à une Europe libre. » Boris Johnson, premier ministre britannique, a « toujours admiré le courage et l’intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la Guerre froide », en ajoutant que « son engagement inlassable pour l’ouverture de la société soviétique reste un exemple pour nous tous. » Le président américain Joe Biden a salué un « leader rare » ayant permis « un monde plus sûr et davantage de liberté pour des millions de personnes. » Viktor Orban, premier ministre hongrois, s’est déplacé pour lui rendre un dernier hommage à ses obsèques. En Russie, où l’ancien dirigeant soviétique n’était pas très apprécié, le président russe Vladimir Poutine lui a rendu un dernier hommage minimal et ne s’est pas rendu à ses obsèques.

Mikhail Sergueïevitch Gorbatchev est connu pour avoir été le dirigeant qui, par la « Pérestroïka » et la « Glasnost », ainsi que par le retrait des troupes soviétiques en soutien à la révolution populaire et laïque d’Afghanistan, a fait aboutir la restauration du capitalisme en Union soviétique au cours de la décennie 1980-1990 et la dislocation de ce même pays, précipitant l’ensemble du camp socialiste et démocratique dans le même funeste sort. Donc malgré ces appréciations élogieuses, voire hagiographiques, l’héritage de Gorbatchev est catastrophique pour les travailleurs et les peuples du monde entier.

Depuis les années 1980-1990 et sous les diverses déclinaisons du fameux « there is no alternative » attribué à Thatcher, les travailleurs ont à subir des politiques réactionnaires, antisociales et antipopulaires toujours plus aiguës.
En France, il y a la casse de la sécurité sociale avec notamment le déremboursement progressif des soins de santé au profit des complémentaires privées, les exonérations toujours plus nombreuses de cotisations sociales et patronales creusant alors le déficit de l’Assurance maladie. N’oublions pas non plus la flexibilisation du travail avec notamment la casse du CDI comme norme pour un contrat d’embauche, la généralisation des contrats courts, l’introduction de la rupture conventionnelle et du « plan de sauvegarde de l’emploi », les différentes réformes de l’assurance chômage, ainsi que l’adoption des différentes lois Travail entre 2016 et 2017. Pour terminer, il ne faut pas oublier la casse des services publics par la vague de privatisations à partir de la fin des années 1980 (Suez, EDF, La Poste....), la casse de la SNCF, l’ouverture à la concurrence du transport et de l’énergie. Ce qui a eu pour conséquences la hausse des prix, une qualité de service appauvrie pour les usagers ainsi que la casse de l’emploi et des conditions de travail des salariés de ces mêmes entreprises. Des politiques similaires ont eu aussi lieu en Allemagne (sous les mandats du chrétien-démocrate Helmut Kohl et du social-démocrate Gerhard Schröder), au Royaume-uni (sous les mandats des conservateurs Margaret Thatcher et John Major ainsi que du travailliste Tony Blair) ou même encore aux États-Unis (sous les mandats des républicains Ronald Reagan, George Bush et George Walker Bush ainsi que du démocrate Bill Clinton) notamment. Le monde devient aussi toujours plus dangereux avec l’émergence de nouveaux impérialismes (Chine, Russie, Turquie...), l’aggravation des tensions inter-impérialistes dans différentes parties du monde (mer de Chine, Moyen-Orient, Afrique, Océan Pacifique...) et des périodes caractérisées par l’émergence de groupes fondamentalistes et obscurantistes aux pratiques mafieuses (Daech, Al’Quaida…), tous produits de l’impérialisme. Il est donc temps de réarmer politiquement et idéologiquement les travailleurs et les couches populaires. Cela passe aussi par un travail de démystification de l’historiographie bourgeoise sur la restauration du capitalisme en Union soviétique et sur la direction du pays par Gorbatchev.

La Pérestroïka et la Glasnost n’ont pas constitué le début de la restauration du capitalisme en Union soviétique, mais bien l’aboutissement d’un processus qui a débuté beaucoup plus tôt et dont les bases matérielles étaient déjà présentes depuis début novembre 1917. Puisque la classe ouvrière a pris le pouvoir dans un pays encore très arriéré, marqué par de très fortes inégalités de développement et où les couches moyennes de la population (les paysans moyens, les petits artisans, les petits boutiquiers...) en constituaient la majorité, le pouvoir soviétique, après avoir vaincu militairement le camp des « Blancs » et les interventions étrangères au cours de la Guerre civile russe de 1918 à 1921, s’est attelé, sous la direction politique du Parti communiste soviétique, à poser les bases matérielles du communisme en construisant le socialisme. Cela a été toute la finalité de la Nouvelle Politique Économique (NEP) de 1921 à 1928, de l’adoption de la planification centralisée et démocratique de l’économie à partir de 1928, et de la collectivisation de l’agriculture de 1929 à 1940. Le résultat est que, contrairement notamment aux allégations honteuses et mensongères de politiques et d’intellectuels assimilant le communisme avec le nazisme, les niveaux de vie (chaque année les prix ont été révisés à la baisse), d’instruction, de culture, de politique, de santé et de promotion sociale, s’amélioraient radicalement et continuellement, allant jusqu’à dépasser ceux des pays capitalistes. Cela engendra cependant deux effets qu’il fallait prendre en considération : le vertige du succès et l’aiguisement continue de la lutte des classes sous la phase socialiste. Le marxisme fut enrichi par la découverte concrète de cet aiguisement dès les années 30 avec le sujet de la sortie de la NEP et la théorisation que même sous le socialisme, où les classes n’existent plus dans le pays, les contradictions peuvent devenir antagoniques (voire mettre fin au socialisme ) si la direction ne parvient pas à développer ou sape les bases de la socialisation (en favorisant par exemple la loi de la valeur). Dans les années 30, le premier dirigeant du parti décrivait les enjeux de la sortie de la NEP comme suit : « Dans le cadre du développement soviétique, alors que le capitalisme est déjà renversé, bien que ses racines ne soient pas encore arrachées, la déviation de droite dans le communisme est une tendance, un penchant qu’ont une partie des communistes (...) à s’écarter de la ligne générale de notre parti vers l’idéologie bourgeoise. Lorsque certains de nos milieux communistes tentent de tirer notre parti en arrière par rapport aux résolutions de notre Congrès, en niant la nécessité d’une offensive contre les éléments capitalistes de la campagne ou qu’ils exigent la réduction de notre industrie, estimant que le rythme actuel de son développement est néfaste pour le pays ou qu’ils nient l’utilité aux Kolkhozes ou aux Sovkhozes estimant qu’elles sont (les affectations de fonds) de l’argent jeté par la fenêtre ou qu’ils nient l’utilité de la lutte contre le bureaucratisme sur la base de l’autocritique croyant que l’autocritique ébranle notre appareil ou qu’ils exigent le relâchement du monopole du commerce extérieur, etc..., cela veut dire qu’il y a dans les rangs de notre parti des gens qui tentent (...) d’adapter l’œuvre de notre construction socialiste aux goûts et aux besoins de la bourgeoisie « soviétique ». La victoire de la déviation de droite dans notre parti signifierait le renforcement des éléments capitalistes dans notre pays ? Cela signifierait l’affaiblissement de la dictature du prolétariat et l’accroissement des chances de restauration du capitalisme. Ainsi donc, la victoire de la déviation de droite dans notre parti signifierait l’accroissement des conditions nécessaires à la restauration du capitalisme dans notre pays » (JV.Staline, Du Danger de droite dans le PC(b)US).
Vivement combattu par la direction de l’État prolétarien et du Parti communiste, la lutte pour développer les bases du communisme et contre la bureaucratie cessa malheureusement avec l’arrivée au pouvoir de la direction opportuniste de Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev qui engagea une série de réformes s’appuyant sur la loi de la valeur, affaiblissant la planification socialiste (fermetures des Stations Machines Tracteurs (1957) qui forgeaient l’alliance entre les ouvriers et les paysans), aboutissant à la coexistence « pacifique » entre les camps socialiste et capitaliste et décentralisant l’économie (loi sur les sovnarkhoses puis loi Liberman-Trapeznikov (1965), ainsi que des déclarations selon lesquelles il n’y avait plus de classes exploiteuses et que le communisme serait atteint en 1980 (!)), sans oublier la théorisation unilatérale de la voie pacifique (parlementaire) au socialisme qui mina tout le mouvement communiste international.
Une reconstitution de la bourgeoisie s’opéra, une couche sociale commençait à se développer clandestinement, aidée par la corruption et la bureaucratisation progressive de l’État et du Parti, volant de la propriété socialiste pour entreprendre la création d’entreprises privées clandestines, développant le marché noir et amenant progressivement le régime socialiste-communiste soviétique vers la stagnation, puis vers la restauration du capitalisme, au cours duquel cette couche sociale devenait alors la nouvelle bourgeoisie. L’idéalisme consiste à penser que c’est telle ou telle ligne idéologique qui engendre le révisionnisme, les tenants de cette pensée prennent le problème à l’envers. Il faut chercher les sources matérielles de ces idées dans les rapports de production, dans l’existence des classes. C’est donc l’abandon, par le pouvoir soviétique et le Parti communiste, de la lutte matérielle contre les anciennes et potentielles classes exploiteuses et contre la baisse de vigilance politique des travailleurs qui a causé la contre-révolution des années 1980-1990.
La courte période Gorbatchev est la période de la légalisation de la propriété privée des moyens de production en URSS (avec par exemple la loi de 1987 sur les coopératives). Il n’est pas le responsable unique de la fin de l’URSS, comme certains veulent le faire croire, exonérant ainsi la période descendante du socialisme en URSS depuis la fin des années 50 pour mieux occulter le révisionisme Khroutchévien et leur propre révisionnisme du marxisme. La période suivante d’Eltsine sera celle de l’arrivée au pouvoir des oligarques financiers russes et des monopoles étrangers, période d’un capitalisme de monopoles (impérialisme) développé et consolidé par Poutine.

Le bilan de Gorbatchev démontre tout le caractère réactionnaire, mensonger et intellectuellement malhonnête des analyses et propos des politiques et des intellectuels bourgeois depuis cette époque. Les conquêtes sociales inégalées du socialisme soviétique furent balayées. La restauration du capitalisme en Union soviétique et la désintégration du camp socialiste et démocratique au cours des années 1980-1990 ne signent pas la « fin de l’histoire », associées au triomphe universel du capitalisme, pour reprendre Francis Fukuyama. Au contraire, les contradictions de ce mode de production s’aiguisent toujours plus et sa crise générale s’aggrave continuellement, devenant toujours plus un obstacle à la satisfaction des travailleurs, des populations et des territoires.
Le capitalisme n’est clairement pas la solution, mais bien LE problème.

Heureusement, la lutte des classes se renforce et les travailleurs luttent toujours plus en France et dans le monde entier. Face à la hausse des prix, aux contre-réformes préparées par leurs gouvernements respectifs, et au renforcement de l’exploitation capitaliste dans les entreprises, ils se mettent en grève, manifestent, bloquent, mènent d’autres types d’actions pour obtenir gain de cause sur leurs revendications. Également les luttes anti-impérialistes des peuples continuent et se renforcent à certains endroits malgré les difficultés toujours plus grandes posées par les impérialismes. Plusieurs parmi les travailleurs et les couches populaires réfléchissent, voire aspirent à une politique et à un monde alternatif, débarrassé notamment de l’exploitation, de la précarité, de l’autoritarisme, de l’obscurantisme, et de la catastrophe écologique.

Le bilan et l’expérience du régime socialiste soviétique démontrent qu’une telle politique et qu’un tel projet de société est possible, mais par le renversement révolutionnaire du capitalisme-impérialisme et de l’appareil d’État bourgeois par les travailleurs eux-mêmes, suivi de l’édification du Socialisme-Communisme par ces derniers et de leur propre appareil d’État.
Pour cela, une condition indispensable est le réarmement politique et idéologique des travailleurs et des peuples, enrichi par les leçons tirées de l’histoire de la restauration du capitalisme en Union soviétique, dans le camp des démocraties populaires, de leur dislocation, ainsi que de la débandade du mouvement ouvrier qui s’en est suivie. Le marxisme est l’expression scientifique des intérêts de la classe ouvrière. Or détruire la classe ouvrière est impossible, elle qui produit tout et porte en elle les solutions aux problèmes de l’humanité. Le marxisme ne peut donc pas être détruit depuis qu’il est entré en scène.
Ainsi, l’héritage de Mikhail Gorbatchev constitue-t-il une parenthèse historique qui est destinée à tomber et à être abandonnée par l’intensification des luttes des travailleurs, le renversement révolutionnaire du capitalisme-impérialisme et l’édification du Socialisme-Communisme. Les armées battues sont à bonne école.

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