Assassinat au lycée d’Arras : déclaration du PCRF
En hommage à Dominique Bernard, professeur assassiné sur son lieu de travail
Le PCRF condamne avec la plus grande fermeté l’attentat dont ont été victimes, vendredi 13 octobre au matin, un professeur de Lettres, un professeur d’EPS et un agent de sécurité du lycée Gambetta à Arras. Nous adressons nos condoléances à la famille de Dominique Bernard, professeur de français assassiné, à ses collègues et à tous les personnels de ce lycée d’Arras.
Les premiers éléments de l’enquête montrent que cet assassinat, 3 ans après celui de Samuel Paty, est à nouveau le résultat d’un fanatisme religieux, celui du fondamentalisme islamiste promu par l’organisation fasciste « L’Etat islamique » (aussi nommée Daech).
Au-delà de l’émotion légitime que suscite cet acte barbare à l’encontre de membres de la communauté éducative, il convient aussi de s’interroger sur les conditions dans lesquelles, depuis plusieurs années, un tel fanatisme meurtrier peut se développer dans notre pays, et frapper à n’importe quel moment, sous la forme d’actes individuels ou d’attentats terroristes organisés (et on voit une fois de plus que la multiplication de lois sécuritaires et les fichages sophistiqués ne nous mettent pas à l’abri de tels actes...).
Ces conditions, notre Parti les expose et les dénonce régulièrement, puisqu’elles résultent principalement de la politique menée par l’impérialisme français au Proche-Orient et en Afrique : après avoir favorisé l’éclosion et le développement de groupes islamistes fascistes tels que Al Qaida ou Al Nosra (qui, selon la version du ministre L.Fabius, avait le soutien de la France en Syrie pour soi-disant combattre Daech), les gouvernements successifs de notre pays ont pratiqué à une vaste échelle une politique d’ingérences et d’agressions (en Libye, en Syrie, en Afrique…) qui ont partout semé le chaos et la désespérance, terreau propice au développement des discours les plus obscurantistes et violents.
De tels faits sont en quelque sorte le boomerang de la politique opérée sur le terrain par les monopoles capitalistes et leurs États pour avoir la mainmise sur des ressources pétrolifères et gazières, des voies de communication, des avant-postes stratégiques : fabrication de Ben Laden par la CIA contre la révolution démocratique en Afghanistan et pour combattre l’armée soviétique sur place, invasion des troupes occidentales en Irak et en Libye avec lynchage des dirigeants Sadam Hussain et Mohamar Kadhafi dont les scènes passaient en boucle sur nos télés,... Notre parti ainsi que d’autres partis ou organisations politiques et humanitaires s’étaient élevés contre ces guerres, contre toutes formes d’ingérences et pour le droit à la souveraineté de pays dont le tort était de résister sous une forme ou sous une autre aux impérialismes dominants.
Comme nous l’avions prédit, ces intrusions armées ont abouti aux répercussions que nous connaissons aujourd’hui, avec des actes terroristes à répétition dans nos pays. Nous, marxistes-léninistes, rappelons qu’il appartient aux peuples de disposer d’eux-mêmes.
Pour notre Parti, l’idéologie véhiculée par certains groupes islamistes doit être combattue, mais rappelons que « l’islamisme radical » s’est introduit dans nos quartiers avec l’aide de l’Arabie Saoudite et du Qatar, et avec la complicité des divers gouvernements, qui y voyaient un moyen d’accentuer les divisions au sein de la classe ouvrière, en laissant se propager l’arriération, le communautarisme, le fanatisme religieux des mouvances terroristes et de l’islamisme djihado-salafiste.
Nous disons par ailleurs que Macron et son gouvernement portent une part de responsabilité dans ces actes de folie barbare collective ou individuelle : depuis 2017, on assiste à une accumulation continue de mesures répressives, liberticides, garantissant l’impunité pour les violences policières, assorties de discours stigmatisants contre certaines catégories de la population, et de nouvelles atteintes à la séparation entre l’Église et l’État, comme la loi sur le « séparatisme islamiste » ; auxquelles il faut ajouter le récent soutien inconditionnel du gouvernement Borne-Macron à l’État israélien, suite à l’attaque de combattants du Hamas contre Israël, soutien induisant l’idée qu’une vie palestinienne ne vaut pas une vie israélienne ; autant de dérives qui alimentent les tendances fascistoïdes et leurs effets irrationnels, déréglés, barbares et meurtriers.
Enfin, de tels dérèglements, dont sont victimes des travailleurs comme ces professeurs, sont aussi le fruit d’une société elle-même chaotique parce que fondée sur un système socio-économique en déclin et en crise profonde, à savoir le système capitaliste au stade impérialiste. Au 21ème siècle, les avancées techniques, scientifiques, culturelles, sociales, éducatives... devraient favoriser le progrès et la paix ; or détournées pour le seul profit des intérêts privés érigés en classe dominante, elles ne peuvent empêcher un retour vers des formes ancestrales de violence et de barbarie incontrôlables.
C’est pourquoi notre combat contre ce régime capitaliste constitue aussi, pour nous communistes, l’expression de notre reconnaissance et de notre hommage aux victimes du lycée d’Arras, comme à Samuel Paty, professeurs assassinés dans l’exercice de leur métier.
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