Déclaration du PCRF suite au troisième référendum de Kanaky Nouvelle-Calédonie
Le 12 décembre 2021 avait lieu le troisième et dernier référendum prévu par les Accords de Nouméa visant à soumettre aux populations de Kanaky Nouvelle-Calédonie la question suivante : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ». Avec une participation totale de 43,87 %, le « non » l’a emporté par 96,50 % des suffrages exprimés, tandis que le « oui » représentait 3,50 % desdits suffrages.
Ces chiffres expriment-ils, comme le laissent entendre Emmanuel Macron et certains loyalistes, la « volonté exprimée par la majorité des Calédoniens de rester dans la République et dans la nation française » ?
Ce n’est manifestement pas le cas. Le taux de 43,87 % de participation ne permet pas de représenter la majorité de la population de l’archipel et les raisons mêmes de cet effondrement de la participation témoignent de l’échec de ce processus de consultation comme moyen d’accéder à l’indépendance de la Kanaky. Même le camp du « Non » qui appelait quant à lui à aller voter a perdu « 6000 voix ». 75 762 ont voté pour le « NON » sur 184 367 inscrits. Dans la province Nord et la province des Iles, l’abstention a atteint respectivement 83,6 % et 95,5 % !, seule la province Sud de la capitale coloniale Nouméa a dépassé les 50 % de participation.
En effet, les organisations indépendantistes avaient largement appelé à la non-participation au scrutin référendaire. Pour cause, le refus du gouvernement de repousser la date du vote jusqu’à la fin de la période coutumière du deuil kanak, dont la population représente 80 % des victimes du Covid19 sur le territoire. Ce faisant, le gouvernement marquait son mépris total du droit coutumier du peuple kanak en même temps que sa volonté de se débarrasser des forces indépendantistes dans le processus de vote.
Pour ces raisons, les organisations indépendantistes ont publié un communiqué faisant suite aux résultats du référendum, dans lequel elles qualifient ce dernier de « nul et non avenu ». Le Comité Stratégique Indépendantiste de Non-Participation ne reconnaît pas la validité du scrutin ni sa légitimité et en tire les conséquences, annonçant qu’il attendrait le renouvellement du gouvernement pour engager des discussions sur l’accession du pays à la pleine souveraineté.
Le scrutin aura cependant eu ce mérite : en montrant que l’appel à la non-participation a été globalement très bien suivi, il a prouvé qu’il existe une forte cohérence entre les acteurs du mouvement indépendantiste, contrairement à ce qu’avancent certains loyalistes et tenants de l’État colonial français. Il démontre ainsi l’important potentiel de succès du mouvement dans sa quête pour obtenir sa réelle indépendance.
Nous rappelons notre volonté d’en finir avec les colonies et l’héritage colonial, profondément inscrite dans notre projet politique comme le « droit à l’autodétermination jusqu’à la séparation […] reconnu à l’ensemble des peuples des DOM-TOM » et notre détermination à permettre un processus qui « pourrait concerner les seules personnes nées sur le territoire, dont les parents sont nés sur le territoire et pas les expatriés » afin de garantir aux peuples concernés un réel pouvoir sur leur avenir (citations tirées du Programme du Parti Communiste Révolutionnaire de France, partie II. D/).
L’État bourgeois français au service de ses monopoles a tout mis en œuvre pour la continuité du pillage direct du territoire calédonien et des positions géographiques stratégiques en indo-pacifique : de l’élaboration des listes des électeurs, au mantien du référendum malgré la situation sanitaire jusqu’au 2000 policiers et gendarmes envoyés depuis la métropole quelques jours avant le scrutin, tous les événements récents en témoignent malgré les discours.
Face au cynisme de l’État français qui souhaite maintenir par tous les moyens son emprise sur le territoire, poursuivant la colonisation amorcée en 1853, et pour la libération des peuples et leur droit à l’autodétermination, le PCRF apporte son soutien fraternel aux forces indépendantistes de Kanaky Nouvelle-Calédonie.
Soutien aux luttes en Kanaky : Usine de nickel, usine du pays !