Cuba : élection de Miguel Diaz-Canel comme nouveau Chef d’Etat
19 avril 2018 : ouverture de la 9ème Législature, Miguel Díaz-Canel élu Président du Conseil d’État
Le mercredi 18 avril 2018 lançait la 9eme législature de la démocratie socialiste cubaine, avec la première séance plénière des députés élus le 11 mars dernier. Parmi les 605 députés, 322 sont femmes, 287 proviennent directement des Comités de Défense de la Révolution et 399 siègent pour la toute première fois dans l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire.
La décisive nouveauté de cette législature est cependant l’élection de Miguel Díaz-Canel comme nouveau chef d’État cubain.
Cet ingénieur, né en 1960, concentre tous les regards des communistes du monde à l’heure actuelle. Sa trajectoire est celle d’un cadre politique du Parti Communiste, issu de la génération post-révolutionnaire. En 1982, il entre dans les Forces Armées Révolutionnaires cubaines, où il occupe un poste d’officier grâce à ses études en ingénierie. Toujours dans l’armée, il intègre en 1985 l’Université Centrale de Las Villas en tant que professeur. C’est en 1987 qu’il passe à la direction de l’Union cubaine des Jeunes Communistes. Cette même année, il accomplit des missions internationalistes au Nicaragua, où il est également Commissaire Politique de l’UJC (comme spécialiste de la radio des Forces Armées Cubaines) parmi les troupes stationnées dans ce pays d’Amérique Centrale. En 1993, il intègre le Parti Communiste Cubain et en 1994, il en devient Premier Secrétaire à Villa Clara. En 2003, il est élu Secrétaire Provincial du PCC à Holguín et membre du Bureau Politique du PCC. En 2009, il devient Ministre de l’Enseignement Supérieur et en 2013, il est nommé Premier Vice-président des Conseils d’État et de Ministres. C’est en tant que tel qu’il était pressenti comme un des plus probables successeurs de Raúl Castro à la tête de l’État et de l’exécutif.
Le caractère historique de son élection découle principalement du fait qu’il est le premier chef d’État et de gouvernement de l’époque socialiste cubaine à ne pas faire partie de la génération de ceux qui ont fait la révolution à partir de 1953. Mais aussi du fait que Cuba se trouve dans un moment de réforme de son système socio-économique, qui sème l’incertitude tant parmi la population cubaine qu’à l’extérieur du pays. En effet, depuis le VIéme Congrès du PCC en 2011, le processus d’« actualisation du modèle socialiste » est en cours, processus qui cherche à rendre l’économie plus efficiente, en libérant l’État de secteurs non prioritaires, et encourageant certaines formes d’économie privée.
Dans l’attente des faits du nouveau gouvernement qui vient d’être élu, Díaz-Canel a donné certaines lignes majeures dans son discours d’investiture le 19 mars. Il a assuré que le PCC gardera sa place d’avant-garde du peuple cubain et de la Révolution et que Raúl Castro, en tant que Secrétaire Général du Parti, continuera à faire partie des décisions gouvernementales au niveau national. La mise en place du programme du PCC, celui de la Révolution socialiste, sera exigée par le chef de l’État. Il a explicitement reconnu le rôle guide, tant des conclusions du 7eme Congrès du PCC dans la gestion de l’État, que du travail politique, idéologique et de la lutte pour la paix et l’unité de la patrie socialiste, la fermeté idéologique et la participation de la population dans la gestion des institutions et du quotidien du processus révolutionnaire. La politique extérieure devra également rester inaltérée, sans concessions par rapport à la souveraineté et à l’indépendance de l’île. Díaz-Canel a aussi souligné l’importance du travail quotidien des cadres de l’Assemblée et du Parti au sein de la population, qui sera le seul garant des résultats concrets dans le sens des objectifs du socialisme et de l’indépendance. Ces garanties, ajoutées à la force dissuasive des Forces Armées Révolutionnaires, sont selon lui les éléments basiques qui permettront la victoire face au « voisin impérialiste ». Il a assuré que « tout ce qu’il faudra changer » sera changé « avec le sens du moment historique », ce qui sera fait cependant en émancipant le peuple cubain par lui-même et par ses propres efforts.
L’incertitude qui ouvre le mandat du nouveau chef d’État cubain est justifiée, tant à l’intérieur de l’île qu’à l’extérieur, dans le mouvement communiste ou parmi les ennemis impérialistes de la patrie socialiste cubaine. Mais cette incertitude n’est pas nouvelle : depuis une décennie, Cuba a engagé des changements inédits depuis la proclamation du caractère socialiste de la Révolution en 1961. La privatisation des habitations a été lancée, l’entreprise privée a été encouragée, même dans des proportions très limitées ; et le rapprochement avec les États-Unis faisait craindre une conquête économique de l’île par l’impérialisme jusqu’à ce que Donald Trump ne décide de geler à nouveau les relations. Malgré tout, la population et le gouvernement cubains, avec le Parti Communiste Cubain à la tête du mouvement, ont préservé intacts la souveraineté du pays et le caractère socialiste du modèle politique et économique de Cuba. Toutefois, les défis que le socialisme cubain, son nouveau gouvernement et le Parti Communiste ont devant eux sont nombreux et complexes, et seuls le sacrifice et la résistance de la population et le travail quotidien des communistes pourront y faire face avec efficience et respect du processus révolutionnaire vers la défense des acquis de la lutte, et pour la conquête de nouvelles victoires. La phrase (déjà historique) prononcée par Díaz-Canel le 19 mars, « Il n’y aura pas de place pour ceux qui aspirent à une restauration capitaliste », doit devenir une réalité dans l’ère qui vient de s’ouvrir à Cuba, la patrie de tous les communistes du monde.
Nous, marxistes-léninistes du Parti Communiste Révolutionnaire de France, avons confiance dans l’esprit de résistance de la population de Cuba et dans la justesse de la ligne du Parti Communiste Cubain, qui saura diriger le processus révolutionnaire dans les batailles à venir pour de nouveaux succès au service du peuple et de la patrie socialiste.
Vive Cuba Socialiste !