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Affaire Benalla : nouvel avatar du présidentialisme monarchique ? - Parti Communiste Révolutionnaire de France

Affaire Benalla : nouvel avatar du présidentialisme monarchique ?

"L’affaire Benalla" (Rappel : Alexandre Benalla, recruté par E. Macron comme agent de sécurité, s’est cru autorisé à faire le "coup de poing", aux côtés des CRS, contre des manifestants au printemps dernier) suscite un légitime remue-ménage médiatico-politique ; les uns et les autres semblent en effet découvrir la face cachée du pouvoir personnel du Président de la République, accentué par le système Macron.
Pour sa part, le Parti Communiste Révolutionnaire de France n’est guère surpris par de telles dérives, puisque, dès la campagne présidentielle de 2017, il avait mis en garde contre une nouvelle étape dans la radicalisation de la dictature bourgeoise, à travers la promotion du candidat Macron. Depuis, nous avons à plusieurs reprises démontré le caractère d’extrême-droite de sa politique et de son attitude.
Rien de surprenant non plus, quand on se souvient que la Constitution de 1958 a jeté les bases institutionnelles permettant un renforcement de l’exécutif et du pouvoir autocratique du Président de la République, au détriment du législatif et de la représentation nationale.

A ce sujet, nous vous invitons à lire ci-dessous un extrait de l’article publié dans notre dernier numéro d’Intervention Communiste (sommaire à découvrir ICI), intitulé :

13 mai 1958 : le coup d’État gaulliste renverse la IVème République

[...] Il serait erroné de ne pas voir que, et quoique certains acteurs aient pu penser, derrière ce coup d’État qui met en place De Gaulle et une modification en profondeur du système institutionnel, il y a des enjeux cruciaux. Il s’agit ni plus ni moins que de repositionner l’impérialisme français (le capitalisme de monopoles, comme le définit Lénine) et de reconstruire le cadre politique, pour en finir avec celui issu de la Libération, de la Résistance et du caractère antifasciste de la victoire de 1945. Le coup d’État n’est donc pas un simple événement relevant de la conjoncture dans une République bananière. Le 13 mai 1958, comme ça avait été le cas le 10 juillet 1940 avec Pétain, et comme il tente de le faire avec Macron en 2018, le capital monopoliste, confronté à une crise politique de domination, modifie de fond en comble le cadre politique pour le mettre exclusivement à son service.

A chaque fois, le courant qui donne son impulsion politique à cette remise en cause, peut être caractérisé d’extrême-droite dans la mesure où la droite parlementaire jouait jusque-là le rôle assigné par la bourgeoisie dans le cadre politique précédent ; ceux qui le changent viennent de l’extérieur du jeu politique proprement dit, porteurs de caractéristiques idéologiques réactionnaires qui peuvent certes prendre des formes "traditionnelles", mais en réalité répondent plus ou moins étroitement aux besoins et tendances du capital à son stade impérialiste de développement (la réaction sur toute la ligne, disait Lénine). Ce courant ne peut se réduire politiquement au fascisme, même s’il en partage le fond idéologique, et si historiquement, il s’est confondu avec lui, puisque dans l’entre-deux guerres, le fascisme a été le bras armé du capital monopoliste pour mettre en œuvre sa politique (Pétain en 1940) ; jusque dans les années soixante, les groupes fascistes ont servi d’hommes de main pour toutes les opérations réactionnaires contre la démocratie bourgeoise (De Gaulle en 1958). Pour y voir clair, il est nécessaire de revenir sur la définition que l’Internationale Communiste (IC) a donnée du fascisme au pouvoir : "La dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier". Et Dimitrov dans son rapport au VIIe Congrès de l’IC précise :"Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. Le fascisme en politique extérieure, c’est le chauvinisme sous sa forme la plus grossière, cultivant une haine bestiale contre les autres peuples." Certes, Dimitrov oppose fascisme et démocratie bourgeoise parlementaire, comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives à l’intérieur du système bourgeois (L’arrivée du fascisme au pouvoir, ce n’est pas la substitution ordinaire d’un gouvernement bourgeois à un autre, mais le remplacement d’une forme étatique de la domination de classe de la bourgeoisie – la démocratie bourgeoise – par une autre forme de cette domination, la dictature déclarée.). Et en 1935, c’est effectivement la situation. Mais il ajoute que le fascisme a été préparé par des mesures réactionnaires de la bourgeoisie, "qui écrasent les libertés démocratiques des travailleurs, falsifient et rognent les droits du Parlement, accentuent la répression contre le mouvement révolutionnaire." Or ces mesures n’étaient pas conjoncturelles dans la perspective du fascisme : elles répondent à la nécessité de baisser le prix de la force de travail, d’assurer les conditions maximales de l’accumulation du capital, de faire face aux contradictions inter-impérialistes, de juguler le mouvement révolutionnaire. Après la défaite militaire du fascisme en Europe, le capital financier a donc cherché des solutions nouvelles, lui offrant les garanties du fascisme au plan politique (le pouvoir du capital financier lui-même) dans une situation où les guerres inter-impérialistes n’étaient pas dans l’ordre du jour immédiat, et assurant un caractère plus pérenne au système de domination monopoliste.

Une filiation historique

Le coup d’État du 13 mai met en place un système politique qui ne surgit pas exnihilo. Il faut rappeler que De Gaulle, avant la guerre, est un officier politiquement d’extrême-droite : catholique, maurassien, homme d’ordre, proche de Pétain, nationaliste. Il est membre de l’Action française et en 1936, il soutient Franco. Il ne changera pas puisqu’en 1970, quelques semaines avant sa mort, il tient à le rencontrer, celuici se faisant un plaisir de le recevoir ! A la Libération, d’ailleurs, il est hostile au procès Pétain. Dans ses mémoires il écrit : " Pour moi, la faute capitale de Pétain et de son gouvernement, c’était d’avoir conclu avec l’ennemi, au nom de la France, le soi-disant « armistice »." Le fascisme et ses crimes n’étaient que des détails découlant de la faute ! Et lors du débarquement allié, son souci, c’est d’empêcher que les évènements ne débouchent sur le renversement de l’ordre social, raison pour laquelle il se précipite à Paris en demandant à Eisenhower d’accélérer sa marche sur la capitale, et qu’il témoigne de son mépris aux forces de la Résistance. Il est porteur d’un projet politique qui va l’opposer aux forces de la résistance, y compris de droite. C’est un projet clairement autoritaire, donnant la primauté à l’exécutif sur les assemblées élues et à son chef les prérogatives d’un "Chef". De Gaulle n’a jamais aimé la démocratie bourgeoise ! Le projet gaulliste, tenant compte évidemment du rapport des forces de 19441945, reprend finalement dans les grandes lignes les axes politiques de la réaction depuis la transformation impérialiste du capitalisme :
- Une mise au second plan de la chambre des députés, flanquée d’un Sénat élu au suffrage indirect et destiné à freiner les possibilités de "dérapage" social de la chambre. L’initiative des lois est de fait réservée à l’exécutif, qui n’est responsable que devant son chef (le présidentialisme).
- une opposition à la proportionnelle aux élections qui traduit la volonté de restreindre autant que faire se peut la participation de la bourgeoisie non monopoliste aux choix politiques. Vichy, en 1940, l’avait exclue totalement en supprimant les élections.
- une conception technocratique de la politique, avec un recrutement du personnel politique chez les hauts fonctionnaires (Conseil d’État, polytechniciens et Grandes Écoles, inspecteurs des Impôts), et dans l’appareil de direction des monopoles ;
- une hostilité à la séparation de l’Église et de l’État, et à l’école laïque.
- une politique de Capitalisme Monopoliste d’État, c’est-à-dire une intervention de l’appareil politique pour d’une part la défense globale du capital monopoliste français, et de l’autre pour réguler l’économie par une intervention constante de l’État, y compris la planification, au profit des monopoles et du capital financier, contre les revendications de la classe ouvrière, et pour le financement public des monopoles. Cette caractéristique de la politique économique et sociale, est apparue avec la guerre de 19141918, et s’est pérennisée avec la reconstruction, la crise de 1929, et Vichy - dont toute une série de décisions, concernant l’économie, mettent en place ce que la IVe et la Ve République développeront.
- un nationalisme s’appuyant sur la défense de l’empire colonial, et sur la nostalgie d’un impérialisme français de l’époque du Traité de Versailles. C’est sur ce plan qu’il se sépare de "ses amis politiques" en 1940 pour rejoindre Londres.
[...]

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