
Solidarité avec le peuple et le Parti communiste soudanais !
Le 19 décembre 2018, à la suite de la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, plusieurs manifestations se sont déclenchées puis rapidement transformées en un mouvement de contestation contre le Président Omar El-Bechir, à la tête du pays depuis 1989. Le 6 avril 2019, des milliers de Soudanais se sont rassemblés devant le quartier général de l’armée afin de défier le pouvoir.
Omar El-Bechir a été destitué et arrêté le 11 avril. Le ministre de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, a annoncé également la dissolution du gouvernement et la mise en place d’un conseil militaire voué à diriger le pays pendant deux ans.
Le cas soudanais semble présenter une ressemblance avec les évènements du "Printemps arabe" et avec la situation actuelle en Algérie. Le soulèvement contre le pouvoir de El-Bechir et de Bouteflika, soutenus par l’armée, est spontané, mais fait preuve de très peu de cohérence organisationnelle. Les bourgeoisies nationale et internationales, qui soutiennent les systèmes autocratiques au pouvoir lorsqu’elles sont menacées par la dissidence populaire massive, sont souvent disposées à sacrifier l’autocrate qui symbolise ce pouvoir et ses alliés proches afin de sauver la structure même du pouvoir qu’ils dominent.
Nous exprimons tout notre soutien au peuple soudanais et à son Parti communiste, dont nous donnons ci-dessous les principaux éléments d’analyse des évènements :
Des millions de Soudanais ont enfreint les couvre-feux militaires et occupé la place devant le quartier général de l’armée.
Les forces pour la liberté et les changements contestent le "conseil militaire de transition" et exigent le transfert immédiat du pouvoir aux représentants du peuple.
El-Bechir n’est plus là, mais le régime reste.
Le 11 avril n’est rien d’autre qu’une « révolution de palais ».
Partout la population l’exige : révolution continue jusqu’à la victoire finale !
Les camarades Al-Khatib (secrétaire politique) et Massoud (membre du comité central) ont été libérés de prison. Tous deux se sont rendus au siège du parti, où ils ont reçu des ovations debout sous le slogan : Liberté, Paix, Justice ! La révolution est le choix du peuple !
Malgré le succès de la révolution visant à éliminer El-Bechir, qui bénéficiait d’un soutien extérieur de la troïka, de l’UE, des États-Unis, du Canada et de gouvernements réactionnaires régionaux, tels que le Qatar, l’Égypte et la Turquie, et de la libération de tous les prisonniers politiques, le pouvoir reste aux mains des militaires.
L’échec temporaire sera éliminé par le renforcement de l’unité et la détermination des masses pour faire reculer et vaincre le conseil militaire de transition actuel.
La mise en scène du coup d’État militaire était une copie fidèle de ce qui s’est passé en Égypte, or cette action avait pour but d’interrompre la révolution de janvier 2011.
Le Parti communiste soudanais et toutes les forces de l’opposition sont déterminés à poursuivre la lutte jusqu’à la mise en place d’un gouvernement civil représentant les masses populaires, qui mettra en œuvre le programme démocratique alternatif adopté par toutes les forces, y compris les forces de consensus nationales, les syndicats soudanais et les groupes armés.