
Chine : une République "Populaire" ?
Sur la nature de classe de la République « Populaire » Chinoise
Une discussion a lieu dans le Mouvement Communiste International et dans le Mouvement Communiste de France depuis plusieurs années sur le caractère de classe de la formation économique et sociale chinoise : socialisme ou capitalisme ? Et pour être clair, capitalisme impérialiste puisque capitalisme de monopoles.
Les partisans de la première hypothèse rappellent la NEP, les compromis nécessaires, etc. Ils rappellent le poids du secteur nationalisé dans l’industrie lourde en particulier, la planification, le fait que le parti au pouvoir est le parti communiste et qu’il se réfère au marxisme-léninisme !
Les seconds, dont nous sommes, raisonnent différemment : en 1960, des pays comme l’Italie et l’Autriche avaient des secteurs nationalisés qui frôlaient les 80%, ils planifiaient leur économie, et personne ne remettait en cause le caractère capitaliste de leur économie. La NEP, en URSS, c’était une politique qui se positionnait dans la perspective de l’accumulation des forces nécessaires pour être dépassée ; elle se faisait dans le cadre de la dictature du prolétariat et reposait sur le renforcement de la classe ouvrière ; les millionnaires ne pouvaient être membres du parti, pas plus que les « NEPmen » de base, les semi-prolétaires qui avaient leur morceau de terre etc.
Plus au fond, il faut se demander si derrière la phrase, le maoïsme, comme expression de la force de la petite bourgeoisie en lutte pour l’indépendance de la Chine, n’était pas porteur par son nationalisme et de ses outrances typiques de l’idéologie des masses paysannes (égalitarisme de façade, rejet du caractère internationaliste de la culture, exaltation de l’ignorance au nom de l’expérience pratique…), n’a jamais eu comme objectif le communisme autrement que comme mystificateur et non comme perspective scientifiquement établie ! Et puis l’on ne saurait oublier la collusion avec l’impérialisme américain dans la politique anti-soviétique et la lutte contre le mouvement communiste international, dont les déviations opportunistes n’étaient qu’un prétexte pour des déviations bien plus graves.
Et justement aujourd’hui, et nous espérons que les camarades qui ont pu, dans le climat contre-révolutionnaire que nous connaissons, s’accrocher à l’espoir que la Chine ne renonçait pas à la construction du socialisme, un fait nouveau et grave est porté à la connaissance de l’humanité. La Chine vient en effet d’annoncer que, conformément aux sanctions décidées sur demande des États-Unis par le Conseil de Sécurité des Nations Unies (et que la Chine a acceptées), elle suspendait pour 2017 ses achats de charbon à la République Populaire et Démocratique de Corée (RPDC). Cela prive l’État socialiste nord-coréen de 1 milliard de dollars ! Par-là, la Chine devient l’allié des États-Unis dans la politique criminelle menée par ce dernier pays depuis 1945 et surtout depuis la guerre de Corée.
Rappelons que les sanctions décidées par le Conseil de Sécurité sont illégales car ne correspondant pas aux critères retenus par la Charte des Nations Unies. Rien en effet n’interdit à un État, que cela fasse plaisir ou non à un autre et que l’on soit ou non d’accord avec lui, de se doter de l’armement nucléaire, de forces balistiques et de se lancer dans la conquête de l’espace. Au-delà du fait que les cinq membres permanents sont devenus des puissances nucléaires, et que rien moralement ne justifie qu’ils en conservent le monopole, il faut rappeler que d’autres États devraient se voir appliqué le même sort : le Pakistan, l’Inde et Israël. Mais comme par hasard, ce sont des États alliés des États-Unis. En revanche, des sanctions contre Israël seraient légitimes pour son impudente violation permanente des résolutions du Conseil de sécurité concernant les droits du peuple palestinien, et pour ses agressions contre ses voisins arabes, pour sa mise en œuvre du crime d’apartheid contre le peuple palestinien. De même que les États-Unis, la France (Mitterrand compris) et la Grande Bretagne ont toujours empêché jusqu’en 1990 les sanctions contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud, qui s’était lui aussi doté de l’arme nucléaire grâce à la France et à Israël. Par conséquent, on le voit bien : ce n’est pas l’arme nucléaire de la RPDC qui est visée par les États-Unis : c’est son régime socialiste. La position chinoise en la matière est donc bien une position qui combat le socialisme ! Elle est emblématique de la transformation de la Chine d’un pays ayant connu la libération nationale avec un régime petit bourgeois de démocratie nationale révolutionnaire, en un État impérialiste.
D’aucuns nous dirons que le parti communiste dirige toujours le pays, qu’y flotte le drapeau rouge ! Nous répondrons simplement qu’en cette période de Carnaval, le fait de se déguiser en pape ou en évêque ne fait pas de vous un dignitaire de l’Église catholique !